lundi 26 janvier 2009

vendredi 16 janvier 2009

Perdre ses Gants


Et soudain après quelque chose de très long
style un tuyau genre 634 heures
le soleil s’en sort et vient me dénicher de mon
bouquet pourri pendant que je me roule
dans des draps verts ou des draps rouges
remplis de taches blanches à la forme de merle
ou bien de caméra - il est
15 heures zéro zéro de l’aube,
les vers ont déjà commencé leurs opérations
l’araignée par rapport à eux c’est une architecte, moi
je m’identifie aux petits animaux j’entre
dans la peau d’une lampe je réussis à emphatiser
avec un robinet qui perd, avec un
paquet de cigarettes renversé sur le coté
le long d’une route poussiéreuse avec le journal du bar
– lu et relu et enflé
quasiment réveillé en traînant des pieds

comme un lent cheminement de chenilles dans la combustion de lumière,

la tête
un pétale endormi qui flotte
dans une flaque d’eau peinte
dans une estampe chinoise et cette chose
énorme et lourde sur moi
- où sont les pinces, tes pinces subtiles
où sont-ils les après midis de jambes enchevêtrées et puis quand
je vois tout en abstrait tout comme s’il était
déraillé en-dehors et rongé
le sucre dans le café froid ne se dissout pas
et les autres se camouflent mieux que toi, en tout cas
pour ce qui concerne la chose soit énorme soit lourde qui te suit à travers
les cuillerées des jours ça va pas t’aider
la musique arrangée comme si tu pouvais
baisser la fenêtre d’une auto en course
ouverte en montagne pour libérer l’habitacle
de la fumée, ça ne t’aide pas malgré
les deux pas de danse esquissés sur le carrelage
des années 60, années d’or et carreaux qui ont vu pieds
nus les piler avant de monter sur un van avec un
acide sous la langue, mais ça je crois que c’était
l’Amérique même si tous les profs avec les petits moustaches
avec les jambes étendues sous les chaires disent
qu’ils y étaient que « le 68 en Italie c’était autre
chose qu’aujourd’hui » le 68 en Italie ça oui
il a pavé des routes, tu peux encore les voir
toutes terminer
inévitablement
devant quelque chaise.

Mais ai-je vraiment besoin
d’en faire une polémique ?

Ou est ce que l’idée de la révolte permanente
ne se perd pas de toute façon
comme les gants en hiver ?

Cette chose énorme sur moi
les morts qui chantent à part soi
non pas ces industriels désolés et apocalyptiques
ni les rangées de cravates à Rome aucun coin
bas
bas
bas
immobile comme un cailloux je ne peux
échapper à cette chose énorme sur moi qui me suit
des avocats en complet marron cravate bleu et chemise
carottée avec un coin du cou
mal coincé ou bien des avocats qui dorment
choses terribles, pluies, mains qui fouillent
sales pieds, ambulances, alarmes,
le vent qui la nuit fait claquer la porte
il était écrit sous les plantes de mes pieds
la profondeur ne se mesure pas en espace
en riant dans le matin en envoyant un télégramme
en fixant les nuages sur les antennes des escargots
le soir ça peut fonctionner et ça peut bien aller l’après midi
une fois j’étais heureux, heureux
comme peut l’être un axiome, enfermé
entre les froides barres de la vérité.

Le ressac porte des esprits très faibles et aveulis
comme des bras étalés sur un côté proche
d’un corps desséché dans une nuit quelconque
on n’est pas en train de se demander la bonne chose
la page n’a jamais été écrite, quelqu’un
prends note des présages en petits livres rouges
où l’on va tous se retrouver ensuite danser
cette énorme chose qui me suit et lourde
plus qu’une ombre qui disparaît dans le noir
– 17 jours de pluie- pénicilline-
s’apercevoir de petites particules qui flottent
dans l’air comme de minuscules galaxies indifférentes
et l’eau dans l’écuelle du chien qui existe également
et ainsi cette veine et tes pieds froids,
un calme faux qui nous cerne comme un œil
qui fixe un rocher, accordé au temps qui passe
(c’est pas vrai)
j’ai vu un flambeau dans la nuit un homme qui hurlait
d’une fenêtre sortait une grande fumée et d’autres hommes
se poursuivaient il y en avait un plus mince, déchaussé, moi
j’étais là et je fixais la scène
– je le dis maintenant tout à fait sur de ne pas l’avoir rêvé
si fatigué
ma tête qui se fixe dans un miroir ou bien passe
de main en main ma tête qui caresse
les autres têtes leur arrête silencieuse une béquille
attachée à la base du cou et des cordes sur les épaules
en ondulant comme une balançoire attaché
comme un cerf volant aux extrémités de celle-ci
chose énorme et lourde qui ne se baigne pas
Kurt Cobain mort enterré depuis 14 ans jeune
quand même, telle une peinture telle une pyramide
la mort enfile des épingles où l’on pensait ne pas avoir de chair
l’on est en train de sourire au voleur

l’on est si tristes
depuis tellement de temps en traînant les cabas
vers un frigidaire

de long en large

la télévision parquée derrière comme un organe
qui ne tombe jamais malade mais ne sourit
à aucun des autres organes et Fellini ne peux
rien faire la photographie ne peux rien y faire et pas même
une fille japonaise qui enregistre 25 vidéos
appelés « sans rien faire » et les envoie sur youtube
(http://it.youtube.com/watch?v=uDMCnpuZjEQ&feature=related)
Jésus est en train de finir sur les t-shirts et de toute façon
il n’avait laissé aucune instruction pour se libérer
de cette chose énorme et lourde qui ne me veux pas
laisser aller et me surprend pendant que

le dos

cassé dans une auto à onze heures du matin
dérangé par le soleil je plie le cou sur le siège en maudissant
la lumière et surtout tout ce qui est éclairé
mes yeux- qui ne pensent pas aux tiens, ils ne l’ont
jamais fait, (dit quelqu’un)
ils ne peuvent pas le faire.

Moka qui se prend pour Neruda au premier matin (14 et zéro zéro)
débardeur sale devenu une deuxième peau les maîtres
sont plus présomptueux qu’un poète à la voix creuse

en nombre impair, mais qu’est-ce qu’on pouvait attendre
d’une séquence de mauvaises habitudes de quelqu’un
qui appelle sa vie ou ta vie les mannequins qui nous fixent
méprisants des vitrines les chiens sont les maîtres des patrons
le futur va être diviser l’humide du sec le papier de la vitre
s’apercevoir que dans une autre galaxie à une honnête distance
comme celle à la quelle se trouve la terre

il est absolument possible que des poissons soient en train de nager (un peu moins qu’ils
n'éprouvent de l’émotion pour des choses comme les peintures abstraites ou une paire de pieds)
et tout ça pourrait apparaître tranquillement vrai et obscène
mais les chars d’assaut sont en voyage quelque part en traînant
bruits métalliques et pensés et mains d’enfants certaines routes
sont remplies de brouillard et t’y entends passer
les autos sans les voir l’Amérique est un lézard
– tombé dans une piscine vide-
Salomé, Ophélia, Desdémone, arrêtez de vous embrasser
dans la darkroom où les avocats font sortir
la bite aux fourniers en s’échangeant les numéros
de cellulaire au quels ils ne répondront jamais plus
moi j’y étais j’étais assis sur un fauteuil rouge
en fumant une cigarette en pensant à Massimo Sannelli
j’ai promis de ne le raconter a personne même pas aux
morts qui continuent de jaser à part soi
je voudrais seulement me débarrasser de cette chose lourde et énorme
posée sur moi je voudrais qu’elle me laisse aller
comme un sentiment
comme une idée
comme une chose verte qui disparaît au milieu
d’un énorme jardin
dans un matin de champs gelés vu de l’autoroute.

Alessandro Ansuini