mardi 19 février 2008

Jets Accidentels



T- Pourrais tu me dire ce que l’acte de peindre sur une toile représente pour toi ?

G - Je ne cherche pas à mettre de sens sur ma peinture, jamais, c’est une expérience visuelle, c’est un peu de vie. Mes peintures ont plusieurs époques, toutes plus ou moins visibles, plus ou moins vieilles avec plus ou moins de couleurs ou de textures. J’aime très peu ce que je fais et ce que je fais ce n’est jamais ce que je veux, je dois être plutôt instable comme garçon. Bref, je commence la peinture, je mets de la couleur, du rouge ici, du rouge là. Je commence avec une idée ou une technique ; par exemple : des « coulures » rouges et noires. Puis selon ce que ça donne, mon idée initiale se transforme. Mon but est seulement sensitif : je recherche un équilibre inconscient que je sentirai mais n’expliquerai pas. Tout est abstrait. Et je ne sais pas si l’équilibre que je ressens en regardant une de mes rares peintures réussies, un autre le sentira. Je pense que chacun a son propre équilibre et je ne peux pas le prévoir.

T- En fait, lorsque tu peins, j’ai l’impression que tu crées un incident que tu exploites ensuite selon ta sensibilité, et ce que t’inspire cet incident. On dirait que ta peinture est une réinterprétation constante de ce que tu ressens au moment de la peindre...

G - Oui, dans ce processus tout arrive par incident. Le rouge en coulant se mélange étrangement au noir, ce qui va plus tard me donner l’envie d’une gerbe blanche ou peut être d’un carré vert. Mais le chemin de la peinture est long et infini, rien ne s’arrête. Mon équilibre intérieur atteint rarement celui de la peinture et quand j’y suis presque, un nouvel incident fait tout foirer… Alors je recommence une nouvelle peinture sur l’ancienne et cette recherche d’un nouvel équilibre est celui d’une nouvelle époque (qui peut toutefois garder des traces de l’ancienne).

T - Quelle serait, pour toi, la définition de l’incident, par rapport à la peinture ?

G - Justement je crois que l’incident c’est ça, la perte de l’équilibre. Mais même si ça fait parfois mal on recommence, c’est comme la vie, on apprend tous par accident, et peut être que l’équilibre ne peut exister que dans l’action et le mouvement perpétuel, dés qu’une peinture est considérée comme terminés et exposés au mur, elle meurt. Elle n’a plus de vie puisque qu’elle ne change plus et ne souffre plus et ne prend plus de risque. Et si elle existe dans le regard du spectateur, c’est à la manière d’un cadavre ou d’un fait historique.



"ça c'est un truc que j'ai fait il y a longtemps, de la peinture jeté sur une une toile où j'avais disposé du scotch puis j'ai enlevé le scotch et le scotch étant bien meilleurs que la toile j'ai guardé le scotch et recommencé la toile"

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